Au gré de mes recherches de textes destinés à venir enrichir la collection d’ebooks, il m’est arrivé de découvrir des nouvelles policières et l’idée s’est vite imposée de les réunir dans un recueil.
Ce recueil, dont je ne tiens pas encore à révéler le sommaire —surprises obligent— est en cours de mise en page et vous pourrez bientôt vous plonger dans sa lecture.
En guise de bande-annonce : la préface…
Quelques mots
en guise de préface
Ce recueil ne prétend pas offrir un panorama exhaustif du genre policier entre la toute fin du XIXe siècle et le début de la Première Guerre Mondiale.
Il se contente de réunir quelques textes glanés ici et là au cours d’autres recherches.
À priori, rien ne lie ces nouvelles les unes aux autres, sinon l’audace, pour leurs auteurs, d’oser s’aventurer sur un terrain encore glissant à l’époque : la nouvelle policière.
Les littératures de genre ont en permanence un œil braqué sur elles, souvent hautain, et qui appartient à la littérature convenable, dont la définition est variable en fonction des époques, mais qui toujours est celle la mieux représentée et lue dans les cercles proches des pouvoirs.
Au tournant du XXe siècle, ces représentants de l’institution dédaignent le genre policier, né quelques dizaines d’années plus tôt mais que l’on range encore dans les catégories “roman de gare” ou “littérature populaire”.
En revanche, les éditeurs, tout comme la presse qui publie cette littérature en feuilleton, ne le méprisent pas et lui permettent de faire tache d’huile dans le paysage de l’édition.
Pour donner un exemple, voici ce qu’écrivait, dans les colonnes de L’Aurore, le samedi 6 août 1910, un auteur très populaire, Jules Lermina, en réponse à ce dédain, cette morgue, voire cette calomnie dont le “Policier” était entouré.
BAVARDAGE
« Je ne sais quel gredin, ayant commis une sale action, s’est avisé, l’autre jour de déclarer qu’il avait été entraîné dans la voie du crime par la lecture des romans policiers. Et aussitôt tous les gobeurs de lever les bras au ciel :
— Ah ! c’est bien vrai ! Ces romans corrompent les consciences ! ils invitent les apaches à fonctionner et leur dévoilent les moyens de travailler, au moindre péril possible.
C’est un thème tout fait et les variations ne manquent pas.
Eh bien, n’en déplaise à tous ces débineurs de romanciers, je me permettrai de leur affirmer qu’au temps passé, les enseignements donnés au peuple et surtout aux enfants n’étaient ni plus moraux ni plus anodins.
— Mais, vous écriez-vous, il n’y avait pas de journaux avant la fin du XVIIIe siècle ! Soit ! mais il y avait les veillées, il y avait les conteurs de village, il y avait la vieille qui venait s’asseoir au coin du foyer et à qui l’on criait :
— Mère grand, une histoire !
Et selon l’époque, l’histoire, —le conte de la veillée,— était toujours le même, soit une légende brutale, des bandits traqués dans la vallée voisine et se livrant aux pires atrocités, soit une histoire de diable bête à pleurer et qui donnait aux gens le goût du pacte signé avec du sang.
Sont-ce les journaux, —et les romanciers,— qui ont créé, la popularité des Cartouche et des Mandrins, qui ont fait des héros de tous les massacreurs de peuple, —y compris Napoléon, dont on parla beaucoup trop sous le chaume ?
N’est-ce pas dans les chaumières que l’esprit clérical entretenait, par des récits absurdes et mensongers, les histoires de juifs sacrifiant des enfants ou de protestants livrant leurs filles au démon ?
Vous rappelant cette propagande du mal qui se fit pendant des siècles sous le couvert de l’ignorance, de la sottise ou du fanatisme, croyez-vous que vraiment les Gaboriau, les Ponson du Terrail et plus récemment les créateurs de “Sherlock Holmes” ou d’ “Arsène Lupin” soient de si grands criminels ?
Non, certes, car depuis Frédéric Soulié, Alexandre Dumas jusqu’à Rochebourg ou Jules Mary, les romanciers populaires, tout en compliquant leurs intrigues de crimes et d’invraisemblances, ont toujours et quand même dirigé la trame de leurs imaginations vers un dénouement de bonté et de justice. “Nick Carter” ou “Toto Fouinard” sont des chevaliers qui, Don Quichottes modernes, courent le monde pour la défense de la jeune victime, de l’orphelin ou de la veuve éplorée.
Dites que c’est bête : bon ! quoique vous ne soyez pas fichus d’en faire autant ! Mais ne répétez pas cette sottise que nos bandits trouvent en les romans actuels des incitations au crime. C’est faux ! »Jules Lermina
Vous pouvez aujourd’hui, à travers les textes réunis ici, vous faire une opinion de quelques atours dont se revêtit alors ce genre et décider si oui ou non « L’âne du commun est toujours le plus mal bâté. »
Un petit amuse-bouche qui donne grande faim… Hâte de pouvoir lire ça !
Dans quelques jours, j’espère…
Miam Miam…