Il y a cent ans, en plein cœur de la guerre et dans le but non-avoué de soutenir le moral de la nation, Judex apparaissait sur les écrans de cinéma de la Gaumont.
Pour beaucoup, Judex, au même titre que Fantômas ou Belphégor, n’est plus qu’un nom évoquant vaguement un justicier ou un bandit, une figure poussièreuse. D’autres se rappellent le film de Georges Franju. Mais peu d’entre nous l’associent au film de Louis Feuillade ou au roman d’Arthur Bernède et pourraient l’évoquer.
Dans son Dictionnaire du cinéma français des années vingt, l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma, évoque Bernède en ces termes :
En 1916, la rencontre entre Louis Feuillade et Arthur Bernède offre à ce dernier la première opportunité de profiter de la vogue du « roman-cinéma » lancé en décembre 1915 par les Mystères de New York. Le metteur en scène des Vampires et le romancier conçoivent ensemble les douze épisodes de Judex et signent un contrat avec Le Petit Parisien, le quotidien au plus fort tirage, pour la publication d’un feuilleton en synchronie avec le passage du film sur les écrans. Judex, en janvier 1917, est le premier grand roman-cinéma français capable de concurrencer les serials américains distribués par Pathé et publiés parallèlement en feuilleton par Le Matin ou Le Journal.
Le 16 décembre 1916, le premier épisode d’une série qui en comptera 12 est donc projeté en avant-première sur l’écran du Gaumont Palace (cinéma parisien aujourd’hui disparu, qui se trouvait au 1, rue Caulaincourt, place de Clichy.)
En parallèle, le roman de Bernède commence à paraître le 12 janvier 1917 dans les colonnes du Petit Parisien, une semaine avant la sortie du film.
Les deux hommes avaient imaginé un mystérieux justicier vêtu d’un chapeau à large bord et d’un ample manteau de cocher, silhouette directement inspirée par une affiche de Toulouse-Lautrec représentant le chansonnier Aristide Bruant. C’est un maître du déguisement, une ombre qui apparaît et disparaît comme un fantôme. Il commande une bande d’apaches repentis et son repaire secret, situé dans les souterrains d’un château en ruines, est équipé de gadgets perfectionnés.
Figure du bien, protecteur et justicier, redresseur de torts, Judex est une figure ambiguë qui n’agit, dans sa première aventure que pour venger la mort de son père.
On découvrira aujourd’hui, avec un plaisir certain, même si le charme surrané des romans-feuilleton du début du vingtième-siècle ne sont pas du goût de tous, les exploits de cet ancêtre de Zorro, de The Shadow et Batman.
Judex, de Louis Feuillade
Intertitres anglais
Les couvertures des douze fascicules
Reprises dans l’eBook
3.8 Mo
Whaaa ! Très chouette, merci.